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Publié : 3 mars 2012

Fukushima ... un an après

“Fukushima, un an aprèsâ€

Une conférence à Paris le 5 mars 2012

a réuni :

Eva JOLY, candidate à l’élection présidentielle
Michèle RIVASI, députée européenne, EELV
Eisaku SATO, ancien gouverneur de la préfecture de Fukushima
Aileen MIOKO SMITH, membre du conseil de l’ONG Green Action
Hiroko AIHARA, journaliste reporter, spécialiste de la catastrophe
de Fukushima
Denis BAUPIN, adjoint au maire de Paris, EELV

Le 11 mars 2011, le nord-est du Japon a été dévasté par un séisme de
magnitude 9 sur l’échelle de Richter. Le raz de marée qui a suivi a touché
la centrale de Fukushima-Daiichi, provoquant la plus grave catastrophe
nucléaire jamais connue
depuis celle de Tchernobyl.

A quelques jours de ce terrible anniversaire, Eva JOLY reçoit dans le
cadre de sa campagne présidentielle, avec sa porte-parole Michèle
RIVASI une délégation venue spécialement du Japon.

L’occasion ,pour les citoyens français, de partager le souvenir de la tragédie avec eux, et pour la candidate, de rappeler que l’énergie nucléairene peut pas être envisagée,en France et dans le monde comme une technologie fiable

Le jeudi 20 octobre 2011 : voyage à Fukushima d’Eva Joly

EVA JOLY rencontre Mme MIZUHO FUKUSHIMA – Leader du Parti Social Démocrate japonais, ancienne ministre d’État du Japon déléguée aux Consommateurs, à la Sécurité alimentaire, aux Affaires sociales et à l’Égalité des sexes, et vice-présidente de l’Internationale Socialiste
Tokyo,

Avec Denis Baupin et les membres de ma délégation, nous avons pu constater les effets de la catastrophe nucléaire sur le quotidien des Japonais à Tokyo, et notamment sur la consommation électrique.

  • 1 « La conscience de la nécessité de réduire un train de vie « luxueux »

J’ai demandé à Mizuho Fukushima comment les habitants s’adaptaient à cette réduction drastique des consommations d’énergie. Elle nous a confirmé que les Japonais avaient pleinement pris conscience de la nécessité de réduire un train de vie « luxueux » par solidarité vis-à-vis des populations à proximité de la centrale. Et qu’ils continuaient de faire preuve de responsabilité, dans un contexte où, par ailleurs, le système de tarification en vigueur favorise les gros consommateurs d’énergie.

Avant la catastrophe, les positions antinucléaires étaient minoritaire dans l’opinion. Depuis, une majorité écrasante de la population a pris conscience des risques et des dangers extrêmes du nucléaire.

A cela, s’est ajoutée une inquiétude terrible générée par des informations parcellaires, parfois mensongères, données par le gouvernement. Il y a eu des preuves d’une contamination radioactive même dans la région de Tokyo, et tout le monde s’inquiète de la qualité des produits alimentaires et des conséquences sur la santé.

Aujourd’hui, plus de 80% de la population japonaise souhaite sortir du nucléaire et la manifestation d’initiative citoyenne le 19 septembre dernier à Tokyo en a été la preuve vivante.

Mizuho Fukushima exprime combien ce soutien de la population donne de la force pour résister au lobby du nucléaire, qui tente d’imposer l’idée selon laquelle on peut rendre les réacteurs nucléaires sûrs. Ce lobby pro-nucléaire est toujours très puissant, s’appuyant sur les forces conservatrices, des relations fortes avec certains membres du ministère de l’économie et de l’industrie, et les fournisseurs d’électricité.

  • 2 « L’enjeu est double »

Pour Mme Fukushima, il est essentiel que la population aie conscience et sache que l’énergie nucléaire est coûteuse et dangereuse !
J’ai demandé à Mizuho Fukushima comment elle envisageait de sortir du nucléaire et développer les énergies renouvelables.
Elle m’a expliqué que, suite à la catastrophe nucléaire, le Parti Social Démocrate japonais s’était fixé des objectifs précis, à savoir sortir du nucléaire dès 2020 et atteindre 100% d’énergies renouvelables en 2050.
Il y a au total 54 réacteurs au Japon, dont 10 sont en fonction en ce moment, en phase de stress test jusqu’à mai 2012.

Pour Mme Fukushima, l’enjeu aujourd’hui est double  :
- ne pas permettre la construction de nouveaux réacteurs
- ne pas ré-ouvrir les centrales fermées en ce moment.

Si l’ensemble des réacteurs sont à l’arrêt à l’issue de la phase de stress test, le Japon montrera qu’on peut très bien vivre sans aucune centrale nucléaire, et ce dès l’été prochain.

Le Japon dispose de centrales thermiques et hydrauliques qui permettent déjà de couvrir les besoins en électricité. Et, surtout, le Japon a un très fort potentiel en matière de production d’énergies renouvelables. Une loi a été prise en septembre 2011 pour promouvoir ces énergies.

Le Japon peut passer du nucléaire aux ENR !

  • 3 « Le nucléaire bon marché, un argument dépassé »

Des discussions sont en cours pour évaluer les budgets nécessaires, notamment pour un soutien massif des ENR. Mais comme me l’expliquait Mizuho Fukushima, ce qu’on connaît c’est le coût du budget consacré au développement du nucléaire, qui absorbe une majorité écrasante du budget énergie.
Quelques exemples de chiffres :
- 2 trillons de Yen chaque année pour les combustibles usés
- 55 millions de yen par jour pour entretenir le surgénérateur Monju en arrêt depuis 14 ans…

Tous ces budgets énormes pourraient assurer le changement complet de la politique énergétique du Japon, en direction des énergies renouvelables.

En tout cas, l’argument habituel selon lequel le nucléaire serait bon marché est aujourd’hui complètement dépassé vu les dégâts énormes provoqués par la catastrophe de Fukushima. L’ancien projet énergétique du gouvernement qui consistait à augmenter la part du nucléaire de 30% à 50% est déjà abandonné. Le ministère réfléchit aujourd’hui à un projet tout a fait nouveau, qui n’est pas encore finalisé…
« Pour l’Internationale Socialiste : le nucléaire n’était pas une solution aux besoins énergétiques mondiaux »

Lors du Conseil de l’Internationale Socialiste des 1er et 2 juillet 2011 à Athènes, Mizuho Fukushima est venue ouvrir les discussions sur L’énergie nucléaire et les leçons de Fukushima.
En tant que vice-présidente de l’Internationale Socialiste, elle a présenté son projet de faire arrêter tous les réacteurs nucléaires au Japon et fait adopter une résolution sur ce thème, affirmant que le nucléaire n’était pas une solution aux besoins énergétiques mondiaux et appelant à l’utilisation d’énergies renouvelables.

J’ai demandé à Mizuho Fukushima si tous les partis socialistes s’étaient exprimés en faveur de cette résolution. Apparemment, beaucoup de socialistes présents étaient pour la sortie du nucléaire. J’ai regretté que la ligne dominante du Parti socialiste en France ne s’aligne pas sur cette position volontaire de l’Internationale Socialiste.

Sur ce sujet, les socialistes français ont vraiment besoin des conseils de l’Internationale Socialiste !

Comme le souligne Mizuho Fukushima, si la France décidait de changer de politique énergétique et de sortir du nucléaire, cela aurait un impact énorme au plan mondial.

La catastrophe nucléaire de Fukushima apporte la preuve terrible que la technologie nucléaire n’est pas maîtrisable, même dans un pays très avancé sur le plan technologique.

On ne peut pas vivre avec cette menace !

Je lui ai fait part de ma détermination à faire entendre ce message pendant toute la campagne présidentielle et de la volonté absolue d’Europe Écologie les Verts d’obtenir des garanties pour que la sortie du nucléaire soit engagée en France dès 2012.